La photo animalière avec le Kid
Ce dimanche, malgré un temps grisâtre, nous nous sommes tout de même réveillés aux aurores pour aller en forêt et initier Kid 1.7 à la chasse. Pour cela, j’ai accepté de lui prêter mon vieux matériel, suffisamment léger pour ses petites mains. Dans nos viseurs, des cerfs, des sangliers mais aussi des daims et des rapaces.
J’ignorais si à 7 ans il pourrait avoir la patience de débusquer l’animal et la discrétion de l’approcher pour l’avoir à portée. Au final, la réponse est oui et il n’attend que de recommencer.
Alors bien sûr, je parle ici de chasse d’images ! Vous ne croyez quand même pas que je vais mettre du calibre 12 dans les mains d’un Kid quand même ? 🙂
Avant d’aller plus loin dans cet article, sachez que je ne suis pas photographe animalier. je n’ai pas pour but ici de vous proposer un tuto sur la photo animalière mais un témoignage sur la découverte de ce type de photo dans un contexte très particulier.
Le lieu
Si vous êtes en région parisienne et ne connaissez pas l’Espace Rambouillet, je vous invite à découvrir ce lieu privilégié. Il s’agit d’un parc animalier géré par l’ONF dont le principal attrait est les180 Ha de la forêt sauvage où le visiteurs s’immergent dans la nature. Cerfs, biches, sangliers et daims sont ici en liberté. Pour les observer, il faudra les trouver et les approcher sans les effrayer. Les différentes populations sont ici beaucoup plus denses que dans la nature et, en étant moins agressés, les animaux sont moins farouches. Il sera donc plus facile de les approcher. C’est le compromis idéal pour faire découvrir ces animaux en liberté aux les enfants.
Avant de partir à l’aventure dans la forêt sauvage, la Forêt des Cerfs permet de se familiariser avec ces animaux sans les déranger. Il ne sera ici pas possible de les approcher et on se contentera de points d’observation. L’intérêt avec les enfants est de les inciter à observer la forêt et leur demander de trouver les animaux. Ce qui est relativement facile, mais très valorisant pour eux.
D’un point de vue photo, la séparation entre nous et les animaux aux points d’observation permet de travailler la photo animalière. Évidemment, le Kid va vite prendre un ou deux clichés. Il est alors possible de les discuter, de lui indiquer par exemple qu’il serait plus intéressant si un arbre n’était pas devant l’animal. Il peut alors facilement se poster ailleurs et réessayer, ce qui sera plus compliqué face à des animaux dérangés en liberté.
Un dernier intérêt de l’Espace Rambouillet est la forêt des aigles qui abrite un certain nombre de rapaces eux aussi plus ou moins en liberté. Ils sont présentés lors d’un spectacle où ils volent à quelques centimètres du public. Là aussi, il sera rare que vous et vos enfants approchiez chouettes ou vautours d’aussi près.
Photographier des oiseaux est plus sportif. Je n’ai pas laissé l’appareil au Kid pour qu’il profite du spectacle et ne soit pas frustré par des photos où le sujet est sorti du cadre ou simplement floues. En effet, les oiseaux en vol sont des sujets rapides. Pour obtenir une photo correcte, il faut être capable de suivre le sujet sur le collimateur d’auto-focus réglé en mode continu (Servo-AI chez Canon, AF-C pour du Nikon) tout en ayant un temps d’exposition faible. Ce sera pour une prochaine fois.
Le matériel
Pour ma part, j’ai emmené mon habituel EOS 7D (première version) et son objectif EF 70-200. Avec une ouverture de 2.8, il est assez lumineux pour ne pas avoir à monter en ISO dans les bois. Malgré le temps grisâtre, je suis resté sur du ISO 800.
Quand au Kid, je lui ai prêté mon ancien EOS 350D avec mon encore plus vieux EF 75-300. C’est la première version de cet objectif qui est donc relativement mauvais avec une ouverture de 5.6 à 300 mm, un très mauvais piqué et pas de stabilisation ce nécessite l’usage de la sensibilité maximum avec le 350D soit ISO 1600.
Certes, on peut dire que d’un point de vue technique, je ne suis pas très sympa de laisser au Kid ce matériel qui produit un résultat très frustrant. L’idée était avant tout qu’il se sente valorisé et à l’aise à la prise de vue. C’est déjà lui montrer une grande confiance que de lui confier un reflex à 7 ans. Avec le zoom à 300 mm, il découvre un type de photo qu’il ne connaissait pas jusque là. Même si l’appareil est relativement léger pour ce qu’il est, il doit apprendre à le prendre en main.
C’est vrai qu’au résultat, beaucoup de photos on un flou de bougé du fait de la forte focale et des faibles luminosité et sensibilité. C’était en partie intentionnel pour lui montrer la difficulté de prendre certaines photos. Mais ça valorise les bonnes photos comme le cerf ci-dessus. Bien sûr, la photo nécessite d’être redressée et recadrée. Globalement, il a beaucoup de photos penchées de cette manière, certainement dût à l’encombrement de l’appareil pour ses mains. En soi, ce n’est pas trop grave.
À l’approche des animaux
Le plus passionnant dans notre journée était réellement la ballade dans la forêt sauvage. Pour faire une photo de cerfs ou sangliers, il faut avant tout repérer ces animaux. Ensuite, il faut les approcher sans les effrayer.
En effet, nos focales ne sont pas très longues, les photographes animaliers ont tendance à travailler avec du 400 ou même 600 mm. Pour avoir une bonne photo où l’animal ne se perd pas dans la nature, il faut les approcher d’assez près. C’est l’occasion rêvée d’enseigner au Kid la discrétion, l’observation et le respect de la nature.
À l’Espace Rambouillet, les animaux sont moins farouches que dans la nature et plus nombreux. Il est donc facile de repérer un troupeau et de faire voir au Kid que eux ne semblent pas nous avoir encore vu. Vous vous doutez que le Kid sera aussi être très fier lorsque ce sera lui qui verra en premier les animaux.
On lui propose alors des les approcher. À un moment, on se fera évidemment voir. Les têtes vont se lever, les oreilles s’orienter dans notre direction… Il est à mon sens important de faire comprendre au Kid que nous commençons à les déranger et que nous n’irons pas plus loin. Ce sera frustrant, mais c’est le respect que nous leur devons.
Nous sommes des citadins, en région parisienne où la nature est assez artificielle. Nos enfants grandissent principalement dans la ville. Certes, nous allons dans les parcs et essayons d’aller régulièrement en forêt, mais nos enfants n’ont pas réellement conscience de ce que cache ces forêts. Ils ont peu l’occasion de voir des animaux sauvages en liberté, et ne comprennent pas comment les observer ou comment nous devons nous comporter avec eux.
J’espère que cette sortie aura montrée au Kid l’intérêt d’être discret dans la nature et d’observer ce qui s’y passe. Nous verrons son comportement lors de la prochaine sortie en forêt. Sera-t-il plus discret, plus à l’écoute ? En tout cas, il a hâte d’y retourner.
Un point sur le matériel
Je ne suis pas photographe animalier et donc pas équipé en conséquence. 200 et 300 mm ne sont pas les focales préférées pour ce type de photo. Il y a quelques années, lors d’un évènement destiné aux photographes à cet Espace Rambouillet, j’ai eu l’occasion d’essayer le 600 mm de Canon. En effet, ce type d’objectif permet de prendre des photos de très loin dans les sous-bois avec un rendu très satisfaisant.
Mais en plus d’être très cher (plus de 10.000 €), ce type de matériel est lourd et peu maniable. Utiliser un objectif de 600 mm est comparable à la chasse à l’affût car il vous faudra au minimum un pied pour prendre une photo correcte. N’oubliez pas qu’avec ce type de téléobjectif, le moindre de vos mouvements sera amplifié et entrainera un flou de bougé.
Comme nous ne sommes pas dans le contexte d’une vrai photo animalière, je préfère rester avec le 70-200, plus maniable. Il nécessite certes de s’approcher d’avantage des animaux, ce qui ne sera pas possible en pleine nature, à moins d’être de vrai pisteurs. Des lieux comme l’Espace Rambouillet sont le bon compromis où nous croisons des animaux en quasi-liberté, mais où nous pouvons utiliser du matériel plus léger, et plus facilement accepté par les enfants. Imaginez vous donc à passer 2 heures embusqués à attendre la galinette cendrée…
Une autre question peut être de savoir si le Kid avec le 350D et le 300 mm a des images plus proche des animaux par rapport au 7D avec le 200 mm. Si on parle du cadre, oui, avec le 350D et un 300 mm, l’animal n’est pas perdu au milieu d’une grande photo de forêt.
Mais si on parle en nombre de pixels sur lesquels s’imprime l’animal, ce n’est pas le cas. La raison est dans le capteur. Un 350D, c’est un capteur de 8 Mpx, le 7D, 18 Mpx. Si je recadre une image similaire au 350D au même format, j’ai quasiment la même image. Comparez les deux photos ci-dessus.
Malgré la focale, le résultat est donc meilleur avec le 200 mm associé au capteur du 7D puisque ce dernier bénéficie d’une meilleur luminosité et d’un meilleur piqué. Bon, nous ne comparons pas non plus du matériel de la même catégorie. Pour tout vous avouer, je ne ressors plus ce 300 mm. J’ai conservé ce matériel pour des cas comme ce jour là où ils commenceront à utiliser un reflex. Comme je l’ai dit plus haut, l’idée était de motiver le Kid avec un reflex et un téléobjectif puissant et léger. Et dans l’ensemble, ça a bien marché !
À propos de... Darko Stankovski
iT guy, photographe et papa 3.0, je vous fais partager mon expérience et découvertes dans ces domaines. Vous pouvez me suivre sur les liens ci-dessous.
1 réponse
[…] C’est donc cette photo d’aigle en plein vol à l’Espace Rambouillet issu de l’article de photo animalière qui va me servir de […]