Apple et Facebook financent la congélation d’ovules
Mesdames, sous quelle condition(s) seriez vous prêtes à remettre votre projet d’enfant pour votre carrière ?
Aujourd’hui, NBC News rapporte que Facebook et Apple financeront la congélation des ovules de leurs employés femmes. À première vue, l’article sonne comme une dénonciation de ingérence de l’entreprise dans la vie privée de leurs employés. Dans la pratique, il met en évidence une évolution de nos rapports avec la procréation.
Congeler ses ovules pour se concentrer sur sa carrière
Si je me repose sur l’article de NBC News, aux États Unis, le statut « expérimental » de la cryopréservation d’ovocytes a été levée il y a deux ans. En conséquence, la demande pour une congélation d’ovules pour raison non-médicale a explosé. La raison semble être un choix des femmes qui mettent ainsi en stock des ovules produits « jeunes » et peuvent se concentrer sur leur carrière, rassurées de disposer plus tard d’ovules fertiles. Une telle procédure est couteuse : $10.000 auxquels s’ajoutent $500 annuel pour la conservation. On ne parle même pas là du coût des médicaments de stimulation et de la FIV (Fécondation InVitro) qui suivra…
Cette démarche étant récente, on ignore encore le devenir réel de ces ovules congelés. En effet, nous ne sommes pas dans un contexte où il y a un besoin médical et il est possible par exemple que la femme tombe enceinte entre-temps de manière naturelle, rendant inutile ces ovules. Néanmoins, une étude réalisée l’an dernier relève que les femmes semblent rassurées vis à vis de leur horloge biologique.
Dans ce contexte, Facebook et Apple se positionnent en précurseurs proposant de financer la congélation des ovules de leurs employés. Les mauvaises langues voient déjà un message incitant à remettre les projets d’enfants à plus tard. C’est une crainte justifiée mais en contradiction avec la politique actuelle des deux sociétés qui subventionnent les traitement contre l’infertilité et l’adoption, sans parler de la prime de $4.000 pour les jeunes parents chez Facebook et son COO, Sheryl Sandberg, connue pour son engagement féministe.
L’impact de cette annonce
Cette information concernant Facebook et Apple a de quoi remuer la toile. Le plus inquiétant demeure la réaction de notre ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Marisol Touraine, sur le plateau d’Europe 1 (à environ 7 minute 40).
Je suis préoccupée qu’il s’agit d’un projet porté par des entreprises […] est ce que l’objectif est de demander à des femmes de ne pas avoir d’enfants au moment où elles le souhaitent pour pouvoir être plus disponibles pour leur entreprise ?
Bon, il faut dire que la question était posée de manière assez orientée et je pense que la Ministre n’était pas trop au fait de la question. Comme la majorité des lecteurs de cette nouvelle je pense.
La femme, entre le choix des enfants ou de la carrière
Ce que je trouve inquiétant dans ces réaction, c’est l’aveuglement par rapport aux réalités de notre société et des Lois de la Nature. Oui, idéalement, une femme devrait avoir des enfants en étant jeune, l’âge est un facteur en ce qui concerne la fertilité et les risques qui y sont liés. Mais notre société impose aussi un certain rythme dans une carrière professionnelle. Une entreprise embauche à la sortie de l’école ou de la fac, quelles sont les chances d’embauche après une bonne année de pause sachant que vous n’avez pas d’expérience et pas de possibilité de montrer à votre employeur vos capacités d’adaptation ? Quel avenir dans une société quand une junior tombe enceinte juste après la fin de sa période d’essai ?
On ne devrait pas s’inquiéter du fait que des entreprises financent la cryopréservation des ovules de leurs employées mais du fait qu’il y ai une demande de cryopréservation d’ovules. Dans une société qui n’a pas su donner l’égalité des chances aux deux sexes en prenant en compte les réalités biologiques, l’existence d’une technique qui permet d’aller vers cette égalité va forcément inciter à son utilisation. Dans le cas de notre Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, la préoccupation devrait être que face à cette situation, des entreprises privées proposent ce financement avant nos services public.
Vers une optimisation de la procréation ?
L’article de NBC news parle de la cryopréservation des ovules dans une optique de carrière professionnelle. Mais ne va-t-on pas voir une optimisation de la procréation ? Si les ovules de meilleur qualité sont produits lorsque les femmes sont jeunes, ne peut-on pas envisager une généralisation de la cryopréservation des ovules ? Ne serait-ce pas une pratique qui dans l’avenir sera privilégiée afin de diminuer les grossesses à risque ?
Aujourd’hui, privilégiez-vous votre carrière ou votre désir d’enfant ? Est-ce que ces techniques peuvent modifier vos priorités ?
À propos de... Darko Stankovski
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