Votre première HDRi en 5 minutes.
Une chose intéressante avec la photo, c’est que l’évolution des technologies permet d’explorer de nouvelles manières de présenter l’image. Bien que la théorie existe depuis plus d’un siècle, la photo dite HDR n’a pu réellement être vulgarisée qu’avec la photo numérique. Il s’agit d’une technique qui peut sembler complexe, mais dans la pratique, il est très simple (et peu couteux) de s’essayer à ses premiers clichés à large gamme dynamique. Voici un article qui permet de réaliser sa première photo HDR en 5 minutes.
HDR, quésako ?
HDRI, car il faut ajouter le i, veut dire High Dynmic Range Imaging. Il s’agit d’un ensemble de techniques numériques destinées à représenter sur une même image de nombreux niveaux d’intensité lumineuse. Dans la pratique, il va falloir prendre plusieurs clichés d’une même scène avec des réglages d’expositions différents. Les logiciels dédiés fusionneront ces clichés entre eux.
Les résultats sont en général assez surprenant car nous ne sommes pas habitués à ce type de rendu sur une photo. La théorie veut qu’il s’agirait pourtant d’une représentation proche de ce que nous percevons réellement. L’exposition d’une photo étant uniforme, nous avons souvent des clichés avec des parties sur ou sous exposées. Pourtant, lorsque nous regardons la scène, nous n’avons pas cette impression, tout simplement parce que notre oeil s’adapte à chaque partie de la scène observée. C’est donc ceci que la photo HDR veut reproduire. Mais nous allons alors nous attaquer à de la manipulation de l’image. Le résultat ne sera plus du tout un résultat à l’image de la réalité mais une adaptation en fonction de la vision de l’artiste. Certains appuieront sur la saturation des couleurs, d’autres sur les contrastes… Au final, les images résultantes peuvent plaire ou non. À les voir, on a souvent une première impression de grand n’importe quoi et de délire surréaliste de l’auteur. Mais avec un peu de connaissance du sujet et d’expérience, on peut repérer les conditions dans lesquelles la technique peut être utile, voir indispensable.
Illustration
J’ai choisi d’illustrer cet article par une photo prise au Musée Archéologique de Grenoble-Saint Laurent. La photo résultante a été publiée sur Google+, vous y trouverez un texte explicatif en anglais.
Ce cliché n’est pas un des plus caractéristique pour la photo HDR, mais elle contient suffisamment d’éléments qui justifient son utilisation. Le spot produit un fort éclairage au centre de la scène et focalise l’attention. La périphérie du cliché, assez sombre en conséquence, nous fait également perdre beaucoup de contenu.
Ce qui est nécessaire.
Équipement logiciel.
Pour réaliser une photo HDR, il est nécessaire de disposer de logiciels dédiés. Cet article sera illustré à l’aide du logiciel OpenSourceLuminance-HDR. Si l’avantage de LuminanceHDR est d’être gratuit et disponible sur toute plate-forme, il est un peu déroutant à comprendre et à utiliser. Mais une fois ce cap passé, il devient très intéressant.
Les prises de vue
Il est évidemment nécessaire de disposer de prises de vue à traiter. Comment obtenir de bon candidats ? Simple : choisissez une scène bien contrastée, avec peu d’éléments mobiles. Fixez votre appareil (trépied) et prenez une série de clichés en bracketing à 2ev d’écart. 3 clichés sont la norme, certains en utilisent plus mais le gain n’est pas forcément démontré. Dans cet article, la base est de 3 clichés.
La forte différence d’exposition ressortira dans le rendu final. Si il y a une faible différence, le rendu sera plus discret.
Fixer l’appareil et ne photographier que des sujets fixes est fondamental. La technique va superposer les différents clichés obtenus. Il est donc bien évidemment impossible de calculer une superposition sur des sujets qui se seront déplacés, et leur présence peut conduire à des résultats assez… particuliers.
Pour la photo d’illustration, 3 photos ont été prises avec un bracketing à 2ev, mais à main levée. Le muret a servi de support, mais le contexte de prise de vue (sombre) a nécessité un temps de pose relativement élevé.
Si vous ne disposez pas de plusieurs photos à différentes expositions, il est possible d’obtenir un résultat exploitable en partant d’un seulRaw. Via votre logiciel de développement préféré, générez 3 images, la première étant l’originale, les autres étant la même image ayant subi les traitements pour être respectivement à +2 et -2 ev.
Process d’obtention
Post traitement et développement
Le rendu d’une image HDR n’a pas besoin d’être réalisée sur un format « RAW« . Les travaux de post traitement (tout ce que vous faites pour un développement) doivent donc être réalisés avant. Veillez à ce que les différents clichés subissent tous des traitements cohérents. Développez les clichés et lancez Luninance-HDR.
Charger les photos et obtenir la HDRI
Commençons en créant un nouveau HDR. Un assistant va vous guider jusqu’à l’obtention de la HDRi. La première étape consiste à charger les fichiers dans le logiciel. Dans cette fenêtre, il est nécessaire d’indiquer l’exposition de chaque cliché. LuminanceHDR est capable de trouver seul ces informations à partir des données EXIF si elles sont présentes. Il est possible dans cette fenêtre de demander au logiciel d’aligner les photos entre elles. Activez cette option si vous avez eu un bougé entre les différentes prises de vue. Ce sera le cas si vous avez pris vos photos à main levée, mais également avec l’utilisation de trépieds peu stables (surtout avec un grand vent). La conséquence de son activation est un temps de traitement plus long puisqu’il faudra gérer l’alignement.
Dans le cas des photos d’illustration, l’option d’alignement a été activée pour compenser les bougés qui auraient pu survenir lors de la prise de vue à main levée.
La fenêtre suivante vous permet d’aligner manuellement les photos entre elles. Dans les conditions de cet article, les photos sont correctement alignées. La dernière fenêtre permet de paramétrer la génération de la HDRi et dans l’état actuelle, on va simplement choisir suivant.
Voilà. Après un petit temps de calcul, vous avez généré votre première image HDRi. Mais votre travail ne s’arrête pas là.
L’étape de Tone Mapping
L’image HDR n’est pas explotable en l’état. La raison est que le média est incapable de retranscrire cette gamme dynamique. Techniquement, une image HDR peut coder la luminosité sur 96 bits, l’image jpg est sur 8. L’étape dite de Tone Mapping est ainsi destinée à générer un rendu appréciable par l’oeil humain par une correspondance des couleurs. C’est à cette étape que Luminance-HDR est difficile à cerner car il propose des traitements à effectuer selon des opérateurs qui sont des noms d’algorithme et les réglages sont présentés par leurs noms techniques… Pas forcément très convivial, il faut savoir que ces opérateurs sont des applications de traitements destinés à donner un certain rendu et nommés selon leurs auteurs. En pratique, on apprendra quel opérateur appliquer en fonction du résultat attendu. Et pour un premier essai, il va falloir explorer… Les miniatures à droite sont une prévisualisation de chaque opérateur. Vous verrez que le panneau de gauche est sélectionné sur l’algorithme en question et vous permet de jouer sur les paramètres. Attention, le rendu final dépend de la taille de sortie. Ne soyez pas étonné d’une différence entre ces prévisualisation et le rendu de votre image.
A partir de ce moment, on peut dire que le résultat final sera une question de gouts et d’appréciation personnelle. D’expérience et d’avis général, Mantiuk 06 donne un résultat satisfaisant avec les réglages par défaut. Une augmentation du Facteur de Saturation dynamisera l’image, ainsi qu’une augmentation conjointe du Facteur de Contraste et du Facteur de détail.
Fattal est un autre algorithme qui donne des résultats immédiats très appréciables. La manipulation des curseurs est plus obscure car les noms sont peu parlants (il s’agit de seuils). Si vous souhaitez plus de précisions sur l’application de ces algorithmes, je vous invite à consulter les publications des auteurs de ces algorithmes. Sinon, l’approche par tâtonnement marche très bien aussi. Pas besoin d’être expert en traitement du signal.
Le résultat final.
Une fois les bon réglages trouvés, vous pouvez sauvegarder votre création au format plus standard. Et… voilà, vous avez réalisé votre image HDR. Pour la photo d’illustration, c’est le traitement avec l’algorithme Fattal avec un alpha à 1, un beta à 0.9 et une saturation à 0.8 qui a été appliqué. L’image résultante est plus uniforme et ne dissimule pas le sujet (les tombes) en détournant l’attention sur un point lumineux qui a peu d’intérêt.
Alors et vous, êtes vous satisfait de votre génération ? Que pensez vous de cette technique ?
À propos de... Darko Stankovski
iT guy, photographe et papa 3.0, je vous fais partager mon expérience et découvertes dans ces domaines. Vous pouvez me suivre sur les liens ci-dessous.
Bonjour,
Merci pour ce tuto très précis et les réponses apportées (ailleurs !!!) à toutes mes questions.
Je vais essayer le bracketing avec mon appareil et voir ce que je peux faire avec Luminance ensuite.
Domi
De rien, aucun problème pour dire que le ailleurs est là : http://forum.photo-hdr.com/logiciel/demande-d-aide-sur-luminance-hdr-version-2-3-t255.html .
Ces questions m’ont permis de relever des imprécisions et manques dans l’articles que j’ai pu corriger (signification des miniatures qui après tout sont mon accès rapide aux algorithmes de Luminance HDR).
Merci Martopioche!! Ici Asnidren! Grace à toi j’ai pu réaliser ma première photo HDR, et je trouve ça génialement facile!! Si tu veux voir le résultat (j’ai pris une photo rw2 de ville), dis le moi, je te l’enverrais par mail!
N’hésite pas à partager tes oeuvres et mettre le liens ici (Picasa ou Flickr sont des hébergeurs reconnus si besoin est). Si c’est la première, ça permettra d’illustrer les résultats que l’on peut obtenir à partir de cet article en point de départ 😉 Et ne pas sous estimer son résultat, il n’y a pas de mauvais départ. J’ai bien des premiers résultats très passables mais c’est grâce à eux qu’on apprends.